Titre

CARRÉ 35

Réalisateur

Eric Caravaca

Synopsis

« Carré 35 est un lieu qui n’a jamais été nommé dans ma famille ; c’est là qu’est enterrée ma sœur aînée, morte à l’âge de trois ans. Cette sœur dont on ne m’a rien dit ou presque, et dont mes parents n’avaient curieusement gardé aucune photographie. C’est pour combler cette absence d’image que j’ai entrepris ce film. Croyant simplement dérouler le fil d’une vie oubliée, j’ai ouvert une porte dérobée sur un vécu que j’ignorais, sur cette mémoire inconsciente qui est en chacun de nous et qui fait ce que nous sommes. »

Année de création

2017

Commentaire du réalisateur

« Tout commence sur le tournage d’un film. Le décor ce jour-là est un cimetière en Suisse. Marchant dans les allées, je me retrouve dans ce qu’on appelle le « carré enfant ». Devant ces petites tombes parsemées pour certaines de jouets noircis par le temps, émaillées de quelques mots gravés sur la pierre qui parfois ne comporte qu’une seule date, une tristesse profonde m’envahit. Je ne comprends pas : je n’ai aucune raison d’être dévasté par ces tombes d’enfants. Une évidence m’apparaît aussitôt : je porte une tristesse qui n’est pas la mienne. Mais alors à qui appartient-elle ? Et pourquoi vient-elle jusqu’à moi ? C’est ce que j’ai essayé de savoir en écrivant ce film. Carré 35, c’est tout d’abord l’histoire d’un secret : ma soeur. Christine a été le premier enfant de mes parents. C’était avant ma naissance et celle de mon frère. Son existence et sa disparition nous ont été cachées. Et puis, comme dans toute famille, les secrets finissent par filtrer. » »Au cours de mes recherches, un élément s’est vite imposé : j’étais lancé dans une véritable investigation policière, faite de collectes d’indices, de confrontations de chiffres et de dates. Devant le silence des hommes, on est bien contraints de faire parler l’inanimé. La matière visuelle de Carré 35 emprunte donc à différents supports : films de famille en Super 8, photographies, documents officiels et administratifs, comme autant de pièces à conviction, sans oublier les images d’archives historiques. Et puis, la maladie inopinée de mon père et sa mort imminente ont précipité les choses et m’ont conduit à aller le filmer en toute urgence. Il me fallait aussi questionner ma mère, oser aborder véritablement le sujet avec elle, forcer l’entrée de notre mémoire familiale pour que celle‑ci se « déshumilie ». Souhaiterait-elle enfin se délester de ce poids ? Ou garderait‑elle, définitivement, tout en elle ? »