L’euthanasie, du grec ancien « eu » (bon) et « thanatos » (mort), désigne l’acte médical consistant à provoquer intentionnellement la mort d’un patient afin de soulager ses souffrances physiques ou morales considérées comme insupportables, soit en agissant à cette fin, soit en s’abstenant d’agir.

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On distingue communément l’euthanasie active qui suppose le geste d’un tiers qui administre à un malade une substance létale dans le but de provoquer la mort immédiatement de l’euthanasie passive qui a contrario traduit le renoncement aux traitements médicamenteux — l’interruption de l’alimentation et de l’hydratation artificielles — ou l’administration de sédatifs à haute dose, pouvant plonger le malade dans le coma et provoquer la mort au bout de quelques jours.

L’euthanasie doit enfin être distinguée du « suicide médicalement assisté » qui consiste, pour le corps médical, à donner au patient les moyens de mettre lui-même fin à sa vie.

L’euthanasie demeure interdite en France ; cependant, la loi Leonetti de 2005 a instauré un droit au « laisser mourir », avec des soins palliatifs. Sans permettre aux médecins de pratiquer une euthanasie active, ce texte autorise, après avis collégial et autorisation des proches ou du patient, l’instauration d’un traitement antidouleur « qui peut avoir pour effet secondaire d’abréger sa vie », mais non de provoquer la mort, définissant « le double effet ».

Cette disposition s’oppose à l’acharnement thérapeutique ou obstination déraisonnable qui consiste en la poursuite des traitements actifs alors que, en l’état des connaissances actuelles de la médecine, ils apparaissent inutiles ou encore que leur bénéfice, en matière de confort ou de qualité de vie, s’avère disproportionné par rapport aux risques, aux désagréments, à la douleur ou à la souffrance morale qu’ils génèrent.

La loi Leonetti-Claeys du 2 février 2016 introduit la notion de « sédation profonde et continue ». L’administration de sédatifs (substances antidouleurs et apaisantes) de manière « profonde et continue » permet à des malades gravement atteints en phase terminale, dont la souffrance est insupportable, d’être endormis jusqu’à leur mort. Le droit à une « sédation profonde et continue », c’est « le droit de dormir pour ne pas souffrir avant de mourir », selon la formule du député Jean Leonetti.

L’euthanasie fait craindre pour ses détracteurs le retour en force de l’eugénisme. En 1939, le régime hitlérien s’adonna à une euthanasie de masse concernant les malades mentaux ou incurables précédant la mise en application, quelques années plus tard, de la solution finale contre les juifs, les Tziganes et tous ceux que les nazis considéraient comme des sous-hommes, « indignes de vivre ».

Ce rappel historique explique que certains s’opposent à l’euthanasie craignant qu’elle devienne à terme une méthode économique de « traiter » les personnes en phase terminale. En 2013, un vice-premier ministre japonais (avant de faire machine arrière) avait fait le constat que 50 % des dépenses de santé de son pays intervenaient dans les dernières semaines de la vie. Ce qui est vrai au Japon l’est aussi en France. Il avait suggéré que, par devoir civique, les Japonais « devraient » avancer de quelques semaines leur mort ! Dans la même veine, après avoir légalisé l’euthanasie et le suicide assisté, les ministres de la santé et de la justice néerlandais ont, en octobre dernier, adressé au Parlement une lettre qui faisait valoir leur intention de mettre en place une législation permettant aux personnes âgées (sans qu’un âge limite soit précisé) en « bonne santé » estimant avoir assez vécu, de pouvoir « bénéficier » d’un suicide assisté.

L’euthanasie active est légale dans seulement 3 pays du monde :

  • Pays-Bas: légalisation de l’euthanasie en avril 2002. Les Pays-Bas sont le premier pays au monde à avoir légalisé l’euthanasie.
  • Belgique: légalisation de l’euthanasie en septembre 2002. La loi belge protège le médecin juridiquement qui pratique une euthanasie à la demande de son patient « majeur, capable et conscient » affligé d’une « souffrance physique ou psychique constante et insupportable ». Depuis février 2014, la Belgique est devenue le premier pays au monde à légaliser l’euthanasie des mineurs, sans limites d’âge, en étendant la loi de 2002. Mais les conditions sont plus strictes que pour l’euthanasie des adultes. L’enfant ou l’adolescent doit en effet être confronté à des souffrances physiques insupportables, les souffrances morales ayant été ici écartées.
  • Luxembourg: légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté en 2009.

L’euthanasie passive est reconnue :

  • En France: l’Assemblée nationale a adopté en novembre 2004 une proposition de loi définissant un droit au « laisser-mourir » pour les malades incurables qui peuvent décider de limiter ou d’arrêter tous les traitements.
  • En Espagne: l’euthanasie passive est autorisée quand le patient en a clairement fait la demande et que son état le justifie.
  • En Allemagne, Slovénie, Hongrie, Norvège, Suède, Finlande, Mexique, l’euthanasie passive est autorisée.

Le suicide assisté est reconnu :

  • En Suisse, l’euthanasie n’a pas été légalisée, mais le suicide assisté est autorisé d’après une interprétation a contrario du Code pénal. L’assistance au suicide est organisée par des associations, tandis que le médecin ne joue qu’un rôle très mineur, l’Académie suisse des sciences médicales ayant considéré que l’assistance au suicide n’était pas une activité médicale. La seule exigence est que l’acte « ne soit pas fait en fonction d’un mobile égoïste ».
  • En Allemagne qui a, en 2015, adopté un dispositif dépénalisant l’assistance au suicide pour les proches, excluant les associations de bénévoles d’assistance au suicide telles qu’elles se sont développées en Suisse.
  • Dans l’Oregon qui a été le premier État américain à autoriser le suicide médicalement assisté pour les patients majeurs, résidant dans l’État, en 1997 par référendum.
  • Dans l’État de Washington qui a suivi l’exemple de l’Oregon en 2008, dans le Montana depuis 2009, le Vermont depuis 2013 et en Californie depuis 2015. Aucun de ces États américains n’a en revanche légalisé l’euthanasie.
  • Au Québec qui est la première province canadienne à légiférer sur le « droit à mourir» en introduisant l’« aide médicale à mourir » dans le système de santé québécois en 2014.
  • Au Canada, l’euthanasie active volontaire, appelée « aide médicale à mourir », est légale depuis 2016 pour toutes les personnes âgées d’au moins 18 ans qui ont une maladie en phase terminale qui a progressé au point où une mort naturelle est « raisonnablement prévisible ».

Gérontologie et société