Titre

Ta mort en short(s)

Réalisateurs

Lucrèce Andreae, Anne Huynh, Anne Baillod et Jean Faravel, Osman Cerfon, Janice Nadeau

Synopsis et détails

6 courts métrages aux techniques d’animation et aux philosophies très différentes pour apprivoiser la mort avec poésie, nostalgie ou humour.

PÉPÉ LE MORSE – Lucrèce Andreae (15 min)
Sur la plage sombre et venteuse, Mémé prie, Maman hurle, les frangines s’en foutent, Lucas est seul. Pépé était bizarre comme type, maintenant il est mort.

MON PAPI S’EST CACHÉ – Anne Huynh (7 min)
Un grand-père explique à son petit-fils qu’il devra prendre grand soin de son jardin après sa mort. S’ensuit une discussion, touchante et poétique, sur les traces qui restent après la disparition d’un être cher…

LA PETITE MARCHANDE D’ALLUMETTES – Anne Baillod et Jean Faravel (10 min)
Directement adapté du célèbre texte d’Andersen, le film raconte le sort d’une petite marchande qui tente de vendre des allumettes, dans une grande ville, en plein hiver. N’y parvenant pas, pour se réchauffer un peu, elle finit par brûler toutes les allumettes.

CHRONIQUES DE LA POISSE – Osman Cerfon (6 min)
La Poisse est un homme à tête de poisson. De sa bouche s’échappent des bulles qui portent malheur. Lorsque l’une d’elle suit un personnage, le sort s’acharne sur lui…

MAMIE – Janice Nadeau (6 min)
Mamie habite en Gaspésie dans une maison faisant dos à la mer. L’univers cloîtré de la vieille dame bascule lorsqu’elle reçoit un avis d’expropriation. Ce déracinement se fait sous le regard de sa petite-fille qui interroge l’absence de liens entre elles.

LOS DIAS DE LOS MUERTOS – Pauline Pinson (9 min)
Gonzalo, mort depuis peu, retourne chez sa femme Séléné à l’occasion de « Los Dias de los Muertos ». Alors qu’il espérait manger des burritos et des beignets aux patates, il découvre que Séléné lui a cuisiné un poisson microscopique…

Année de création

2018

Commentaire de Télérama

La critique par Nicolas Didier

Comment évoquer le deuil auprès des pré-ados ? Dans cette audacieuse compilation de courts métrages, qui regroupe plusieurs films sélectionnés en festivals, il y a ceux qui font le pari de la douceur poétique. Ainsi du charnel Mon papi s’est caché (France, 2018, seul film inédit du programme), réalisé par Anne Huynh aux pastels gras sur cire. Dans cette œuvre visuellement saisissante, entre anime japonais et tableau impressionniste à la Claude Monet, un grand-père, accompagné de son petit-fils, envisage sa mort comme une partie de cache-cache.

La Petite Marchande d’allumettes (France / Suisse, 2016) se distingue aussi par la qualité de son animation. Pour adapter l’œuvre d’Andersen, Anne Baillod et Jean Faravel ont travaillé en volume, avec du papier découpé et des marionnettes. Résultat : un beau court clair-obscur, où craquer une allumette procure des visions lumineuses qui permettent d’échapper à une sombre réalité. Dans Mamie (France, 2016), Janice Nadeau utilise l’animation traditionnelle sur papier. Une technique qui donne au film une dimension intime, façon dessin d’enfant : l’incommunicabilité entre la grand-mère et la petite-fille y est en partie autobiographique.

Il y a, ensuite, ceux qui font le choix de l’humour noir. Avec leur trait à la Beavis et Butt-Head, les Chroniques de la Poisse (France, 2010) d’Osman Cerfon sont desservies par un cynisme un peu téléphoné. Dans le genre, on préfère Los Dias de los muertos (France, 2017), de Pauline Pinson. Dans un style graphique volontairement grossier, associé à des bavardages rigolos, elle raconte la résurrection de squelettes mexicains, durant la fête des morts, et leurs relations – culinaires – avec leurs proches encore en vie. Attachant, même si le court souffre de la comparaison avec le Coco de Pixar.

A mi-chemin entre sensibilité et brutalité, Pépé le morse (France, 2017) est un émouvant film sur le deuil, où la douceur des fonds à l’aquarelle contraste avec la sécheresse des traits des personnages. L’œuvre de Lucrèce Andreae – une fan de Miyazaki – est presque devenue un classique, puisqu’elle a été primée à de multiples reprises en festival et a remporté, début 2018, le César du meilleur court métrage d’animation. La transformation annoncée par le titre est effectivement impressionnante.