L'indicible de la nuit
Résumé
« Selon ses dernières volontés, Antonio fut inhumé dans le caveau de famille au cimetière de Herserange, implanté au cœur d’un bois de feuillus, sur un terrain déclive balayé par les vents et la pluie. Cette description ressemblait à s’y méprendre à celle du camp de concentration de Buchenwald dont le séjour bouleversa l’existence tout entière de son père et, par un étrange effet domino, affecta également la sienne.
Federico éprouva le sentiment que le temps s’enroulait de nouveau.
Ce jour-là, dans un état second, il accepta les murmures de condoléances. Enfin seul, les yeux humides et rougis par l’émotion, il s’attarda longuement devant la tombe de ses parents. Puis, encore plongé dans ses pensées, d’un pas lent, il gravit le raidillon qui menait à l’entrée du cimetière.
Lorsqu’il le referma, le lourd portail en fer forgé crissa. »
Auteur (e) (s)
Jacques Fabrizi
A propos de (s) auteur (e) (s) (es)
Jacques Fabrizi, auteur de » L’Indicible de la nuit » rédigé d’une très belle écriture, poursuit « la saga familiale » de la famille Pratola. Son roman précédent, » Une vie par défaut » s s’attachait particulièrement à la relation entre une mère non aimante et son fils, sur fond de non-dits de d’héritage transgénérationnel.
Dans ce nouveau roman, encore plus puissant que le précédent, Jacques Fabrizi, met cette fois en lumière, l’histoire du père, Antonio, communiste, ancien déporté de Buchenwald, survivant de ce camp de concentration, hanté par le passé et qui n’a jamais pu l’aborder , ni avec son fils, ni en famille. L’auteur montre avec maestria comment l’horreur vécue par une génération peut impacter la génération suivante, comment (sans vouloir dévoiler le suspense) le traumatisme vécu par le père peut impacter le fils à la fois psychiquement et dans sa chair. Jacques Fabrizi excelle à inscrire « la petite histoire « , vue à échelle d’homme dans la « Grande Histoire », en l’occurrence dans ce livre, le nazisme et la déportation. La relation « père-fils « , ces non-dits , l’impossibilité de transmettre puisque jusqu’à sa mort, le père se taira, sont des événements d’autant plus poignants que le récit se déroule sur fond de pandémie Covid, au plus fort de la crise, avec sa cohorte de décès innombrables, la gestion chaotique mise en place par le gouvernement. Ce qui aboutira au confinement de milliers de gens, toile de fond qui renvoie cruellement en écho à un autre « confinement » celui des déportés du nazisme.